In memoriam, Raymond Poulidor,

Il ne se passe guère de journées sans que nous n’entendions parler de lui, sans que nous ne parlions de lui, sans que nous ne pensions à lui. Nous le rappellent sans cesse tant de souvenirs, tant d’événements, tant d’anecdotes, tant de personnages dont bien sûr son « petit phénomène » de petit-fils, Mathieu polyglotte, et « plus grand champion que le père et le grand-père réunis » ; lui qui avait fréquenté tant d’autres personnages célèbres ou méconnus, dans des milieux si différents, des plus humbles aux plus huppés ; lui qui était invité un peu partout, lui, qui, par sa seule présence était un gage de succès certain pour une fête, pour une émission de radio ou de télévision ; lui qui avait l’esprit d’escalier et des traits d’esprit ou de dérision fulgurants, la répartie, l’humour et l’ironie faciles, naturels ; lui qui connaissait tant d’histoires, tant de blagues, des plus subtiles aux plus gauloises, des plus fines aux plus grivoises, lui qui savait si bien les retenir et si bien les replacer en situation, que, bien souvent, une fois qu’il les avait racontées on aurait cru à une de ces histoires vraies ou de ces anecdote dont il avait le secret. Cruciverbiste distingué, docteur es-mots fléchés, champion de belote et de poker, il regrettait de n’avoir pas su trouver le temps d’apprendre à jouer au bridge ou aux échecs où il aurait sûrement excellé. De la même manière, il regrettait tant de n’avoir pas pu faire d’études : chaque fois que le sujet venait en discussion, sa gorge se nouait d’émotion et ses yeux débordaient de larmes. Il avait mis sa mémoire prodigieuse au service d’une culture générale qu’il avait continuellement enrichie

Voici cinq ans aujourd’hui, nous avions passé une belle journée à fêter son quatre-vingtième anniversaire en compagnie de sa famille et de nombre de ses amis. « Je n’ai pas quatre-vingts ans, mais tout juste quatre fois vingt ans », répétait-il, ajoutant parfois : « A présent, je compte sur vous pour fêter mes cinq fois vingt ans ! ».

Hélas, depuis ce 15 avril 2016, la liste de ses invités qui nous ont quittés ne cesse de s’allonger, et  plusieurs de ses proches l’ont rejoint dans l’au-delà : notamment son frère André, et l’autre André (Dufraisse), …

Aujourd’hui, le soleil serait plus radieux encore, si tous ces gens pour qui nous avons une pensée émue étaient encore parmi nous pour souhaiter le quatre-vingt-cinquième anniversaire de notre si regretté Poupou.

Bernard Lacorre

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